EXPOSITION DU 12 JUIN AU 24 JUILLET 2011

Céline Tuloup nous accueille par une installation qui se compose de sculptures-objets. Des boîtes cubiques blanches de différentes tailles, individuelles ou collectives, constituent un ensemble de constructions qui semblent au premier abord hermétique. Pourtant, de petites ouvertures sont pratiquées dans ces structures, des œilletons révélant des scènes quotidiennes.

En effet, s’interrogeant sur les rapports qui existent entre espace privé et espace public, Céline Tuloup a rencontré des habitants et leur a proposé de poser dans leur intérieur le temps d’une prise de vue. Les personnes photographiées ont choisi leur mise en scène. La pose devait cependant témoigner de leur rapport à leur habitus et par conséquent montrer une part de leur intimité.

Ces photographies ont été ensuite découpées par l’artiste afin de recréer un espace scénique composé de plusieurs plans successifs. Cette démarche a permis de mettre en place la distanciation nécessaire entre la représentation et le public, rappelant qu’il s’agit d’une scène posée et figée dont l’interprétation est laissée libre, chaque spectateur pouvant inventer sa propre fiction face à l’image.

Céline Tuloup met ici en tension le concept d’isolement inhérent à l’espace privé et l’ouverture nécessaire au vivre ensemble.

Avec ces affaires internes, elle met aussi en lumière la disparition des contours entre sphère privée et publique, dissolution liée aux nouvelles technologies facilitant la diffusion en temps réel d’informations personnelles au plus grand nombre (blogs, forums, réseaux sociaux, télé-réalité…) et notre oscillation constante à être acteur-voyeur.

Ce rapport à l’intime se retrouve dans la seconde installation évoquant une salle à manger avec sa table dressée. En observant de plus près la nappe et les serviettes exposées, des tâches de formes et de couleurs variées, en relief, se détachent sur le tissu. Il s’agit de broderies réalisées par l’artiste, qui pratique cette activité de manière journalière. Ces dessins abstraits brodés ne sont pas sans rappeler les tâches du fameux test de Rorschach dans lequel la personne questionnée interprète les formes qui lui sont montrées. Ce rapprochement est conscient et voulu par Céline Tuloup qui s’intéresse au domaine de la psychanalyse par ses recherches sur la mémoire et la disparition.

Ainsi, souvenirs, rêves et associations d’images ou d’idées affleurent dans cette vision sensible et délicate de l’univers domestique.

Pour en savoir plus: http://www.celinetuloup.com/